Date de mise à jour : 12/04/2005
Le radon est un gaz rare radioactif qui se dégage du sol à partir de l'uranium et du thorium, contenus dans la croûte terrestre. Il provient de la chaîne de filiation de l’uranium 238 (222 Rn), du thorium 232 (220 Rn) ou de l’uranium 235 (219 Rn).
L'émission du radon dans l'atmosphère varie beaucoup selon la nature géologique du sol et les conditions météorologiques. La concentration dans l’air extérieur est faible, il pénètre dans les habitations par diffusion (différence de concentration) ou par convexion (différence de température ou de pression entre l'air extérieur et intérieur). Des concentrations élevées en radon sont retrouvées dans des milieux fermés : habitations, surtout si elles sont isolées, sous-sol (caves), ou plus généralement tout milieu confiné (mines de fond par exemple).
Il existe trois isotopes naturels du radon
Le radon 222, du fait de son abondance et de sa période plus longue (3,8 jours), est celui qui apporte la plus grande part à l'exposition naturelle de l'homme. Il provient de la désintégration du radium 226 et dans la chaîne de l'uranium 238. C’est un émetteur a.
Il donne à son tour naissance à des descendants, émetteurs alpha, qui ont des périodes beaucoup plus courtes que lui :
Il s'agit d'éléments métalliques qui, à l'état ionisé, se condensent sur les poussières en suspension dans l'air pour former des aérosols radioactifs naturels. Emetteurs bêta et surtout alpha, le radon et ses produits de filiation irradient localement les cellules au contact desquelles ils se trouvent.
En tant que gaz, le radon est inhalé. Cependant il séjourne peu de temps dans les poumons, d’où il est réexhalé, et les désintégrations durant le temps de transit sont peu nombreuses.
En revanche dans l’air ambiant, les produits de désintégration du radon se fixent sur les particules de l'aérosol atmosphérique et les descendants peuvent être retenu au niveau de l'appareil broncho-pulmonaire. Ce sont donc ces émetteurs alpha, qui en se déposant sur les bronches, sont responsables de l'irradiation.
Ce phénomène est accentué par la présence de polluants atmosphériques, notamment la fumée de tabac (atmosphères enfumées).
Le radon a été classé, en 1987 par le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer), comme cancérogène certain pour l'homme. En effet des études épidémiologiques sur les travailleurs des mines d’uranium, ainsi que des expérimentations in vivo ont permis d'observer que le radon était un cancérogène pulmonaire.
La quantification de l’exposition radiologique au radon et à ses descendants est délicate car l’exposition résulte des concentrations respectives de ces différents radionucléides dans l’aérosol inhalé, concentrations qui varient selon le niveau de radon mais aussi le degré de confinement, de l’empoussiérage… Pour des raisons pratiques, une unité spécifique a été mise en place, pour suivre l’exposition professionnelle dans les mines, et a été ensuite adaptée aux expositions environnementales (habitations).
1 WLM (Working Level Month) correspond à une exposition, pendant 170h, dans une atmosphère où la concentration en énergie ? potentielle des descendants du radon est de 1 WL (1 WL est équivalent à 1,3.105 MeV par litre d’air). 1 WLM correspond à peu près à une exposition domestique pendant 1 an dans une atmosphère intérieure, dont l’activité volumique du radon s’élève à 230 Bq.m-3.
Le rôle du radon domestique dans la genèse de cancer broncho-pulmonaire a fait l’objet d’études cas-témoins. Ces études comparent l’exposition domestique au radon, chez des patients atteints de cancer bronchique et chez des témoins.
Les études domestiques
Ces enquêtes suggèrent également une association entre exposition domestique au radon et cancers broncho-pulmonaires sans qu’aucune corrélation n’ait été établie de manière absolue.
Sur 11 études cas-témoins, conduites jusqu’en 1998, portant au total sur plus de 5000 cas, 4 montrent un risque significatif.
Le risque, après exposition à de faibles doses (exposition domestique), a été calculé par extrapolation des données acquises chez les mineurs de fond selon une relation linéaire sans seuil.
La relation directe entre l’exposition au radon dans les habitations et l’incidence des cancers broncho-pulmonaire n’a pas été prouvée, mais le radon pourrait jouer un rôle de cofacteur de cancérisation.
Ces deux types d’études doivent tenir compte de l’existence de facteurs confondants tel que le tabagisme, le risque de cancer bronchique étant majoré par la fumée de tabac.
Expositions professionnelles : les mineurs de fond
Toutes ces études montrent que le risque relatif des cancers bronchiques augmente de façon linéaire avec l'exposition cumulée aux descendants du radon. Cependant il faut insister sur l'importance possible de facteurs de confusion (tabagisme, exposition gamma…).
Tous les types histologiques de cancer broncho-pulmonaires ont été observés chez les mineurs d’uranium, avec une fréquence plus élevée de cancer à petites cellules chez les mineurs exposés à de fortes concentrations en émetteurs alpha.
Mortalité par cancer du poumon chez les mineurs de fond
[CIPR 60, 1991]
Nombre |
Exposition |
Personnes.an-1 |
Nombre de décès
|
||
Observés |
Attendus |
||||
Colorado, USA (1951-82) |
3 347 |
882 |
73 642 |
256 |
59,1 |
(1955-81) |
11 076 |
37 |
217 810 |
67 |
57,9 |
(1950-80) |
6 847 |
22 |
114 170 |
65 |
28,7 |
Tchécoslovaquie |
4 043 |
226 |
83 836 |
484 |
98 |
Malmberget, Suède (1951-76) |
1 292 |
98 |
27 397 |
51 |
14,9 |
Direction des sciences du vivant
|
||